Versailles, le 19 octobre 2017
Madame le secrétaire d’Etat,
Dans la perspective de la réunion que vous allez avoir prochainement avec la FPEEI , nous voudrions porter à votre connaissance le témoignage des parents d’une enfant autiste dont le handicap nécessite la présence à ses côtés d’une AVS (Auxiliaire de Vie Scolaire), présence que nous supportons intégralement à nos frais depuis que notre fille est scolarisée dans une école indépendante (soit depuis plus de trois ans).
Notre fille Domitille, aînée de 4 enfants et âgée actuellement de 11 ans et demi, est scolarisée au collège Saint Joseph des Lys de Versailles en classe de 6ème. Elle présente des troubles du spectre autistique de type Asperger. Diagnostiquée comme tel alors qu’elle était en classe de grande section de maternelle (soit à l’âge de 6 ans), Domitille est depuis lors accompagnée par une AVS. Dans le cadre d’une méthode de type « développemental »2, Domitille a pu suivre une scolarité adaptée à ses besoins, à temps partiel et désormais à plein temps, grâce à l’attention constante et au dévouement admirable de cette AVS. Dans un premier temps, en classe du Cours Préparatoire et de CE1, Domitille était scolarisée dans une école sous contrat d’association avec l’Etat. A partir de la classe de CE2, l’évolution de Domitille appelant des modalités de vie scolaire que son école d’origine ne pouvait plus apporter, mon épouse et moi avons opté pour l’école primaire Saint Joseph des Lys de Versailles. Du jour au lendemain, le financement de l’AVS n’était plus supporté par l’Etat alors que la MDPH confirmait la nécessité pour notre fille de continuer à être accompagnée.
Nous nous réjouissons de ce choix puisque Domitille est une petite fille transformée et qui mène une vie scolaire comme les enfants de son âge, sans avoir pris de retard tout en développant, de surcroît, des aptitudes marquées dans les matières littéraires. A l’évidence, plusieurs facteurs contribuent à ce succès : le professionnalisme et l’engagement à ses côtés de l’équipe pédagogique, la fidélité constante de l’AVS ainsi que l’effectif réduit de la classe de Domitille (13 élèves pour la présente classe de 6ème).
Si le bonheur de notre fille n’a pas de prix à nos yeux, il a néanmoins un coût : outre le paiement de l’AVS, nous supportons sur nos deniers l’accompagnement de Domitille par une psychologue ainsi que des séances régulières de neurophysiologie. Nous serions toutefois incomplets en ne mentionnant pas ici le suivi de Domitille par le CMP (Centre Médico-Psychologique) de Versailles ou le soutien financier des services publics au travers de l’AEEH et de son complément. Ainsi, et sans méconnaître l’apport de cette aide sociale, force est de constater que cette aide est largement insuffisante pour couvrir les coûts que nous supportons depuis plusieurs années.
Pour cette raison, nous appelons votre attention, madame le secrétaire d’Etat, sur la justice sociale qui consisterait à rétablir dans les faits l’égalité de droit à bénéficier d’une AVS pour les enfants handicapés, sans distinction de la nature des établissements dans lesquels ils sont scolarisés. A nos yeux, cette justice sociale gagnerait à s’inscrire pleinement dans l’action volontariste que votre gouvernement ambitionne de mener, au travers du nouveau « plan Autisme » ou de la revalorisation de l’aide pour les adultes handicapés inscrite au projet de loi de finances 2018. Pourquoi nos enfants handicapés doivent-ils subir une telle discrimination ? Ne pensez-vous pas qu’ils portent déjà un assez lourd fardeau que la vie leur a imposé ? Pourquoi ne pas leur alléger ce fardeau et leur apporter l’aide dont ils ne peuvent se passer ?
Dans l’espoir d’une réponse favorable à cette appel, nous vous prions de bien vouloir agréer, madame le secrétaire d’Etat, l’expression de notre respectueuse considération.
M. & Mme Jean-François M., Versailles.